L’ostéopénie correspond à une diminution de la densité minérale osseuse (DMO), moins marquée qu’une ostéoporose mais traduisant déjà une fragilité osseuse. Chez les adolescents, une question revient souvent : un os moins dense pourrait-il influencer l’apparition ou l’évolution d’une scoliose idiopathique adolescente (AIS) ?
Ce que dit la recherche
Une étude japonaise publiée dans Scoliosis (Aota et al., 2013) a exploré la relation entre densité osseuse et métabolisme osseux chez 41 adolescents atteints d’AIS (10 à 20 ans, moyenne 15 ans). Les chercheurs ont mesuré la DMO du rachis lombaire et des hanches par ostéodensitométrie (DEXA) et analysé deux marqueurs du métabolisme osseux :
- BAP (Bone Alkaline Phosphatase) – marqueur de formation osseuse
- TRAP5b – marqueur de résorption osseuse
Principaux résultats
- 34,1 % des patients présentaient une ostéopénie (T-score entre –1 et –2 SD).
- 24,4 % présentaient une ostéoporose (T-score < –2 SD).
- 95,2 % avaient des valeurs de BAP normales (formation osseuse préservée).
- 65,9 % présentaient des valeurs de TRAP5b élevées (résorption osseuse accrue).
- Les patients avec TRAP5b élevé avaient une DMO significativement plus basse au rachis lombaire et au col fémoral droit que les autres.
Conclusion des auteurs
Chez les adolescents atteints d’AIS, la densité osseuse est fréquemment réduite et associée à une résorption osseuse excessive, ce qui pourrait contribuer à la fragilité osseuse observée dans cette population. L’étude ne prouve pas que l’ostéopénie “cause” la scoliose, mais elle suggère qu’un déséquilibre du métabolisme osseux pourrait jouer un rôle dans son aggravation.
Comment soutenir la densité osseuse à l’adolescence
La période adolescente est cruciale pour atteindre un pic de masse osseuse optimal. Une bonne hygiène de vie peut corriger ou améliorer une ostéopénie à cet âge :
- Apport suffisant en calcium : laitages, eaux riches en calcium, légumes verts.
- Apport suffisant en vitamine D : poissons gras, exposition solaire modérée, supplémentation si besoin selon dosage sanguin.
- Activité physique avec impact : course, sports collectifs, sauts – ces efforts stimulent mécaniquement l’os selon le principe de Wolff.
Toutefois, certains exercices sont à éviter chez les adolescents, car ils génèrent une pression axiale excessive sur une colonne en pleine croissance :
squats lourds avec charge sur les épaules, deadlifts, haltérophilie olympique et tout mouvement impliquant une compression verticale importante.
À l’inverse, privilégier les activités qui favorisent une décompression vertébrale symétrique, comme la natation, le calisthenics, l’escalade, ainsi que les exercices d’extension lombaire avec le poids du corps, qui soutiennent le développement harmonieux de la densité osseuse sans surcharge. - Éviter les facteurs délétères : tabac, alcool, sous-nutrition, et surveiller les troubles alimentaires qui compromettent directement la santé osseuse.
- Exercices spécifiques adaptés : dans le cadre de la scoliose, il est recommandé de cibler particulièrement les zones osseuses soumises à compression du côté concave par des exercices de décompression et de renforcement adaptés, intégrés au suivi global (kinésithérapie, ostéopathie, exercices posturaux). Il est important d’inclure des exercices ciblés pour renforcer la stabilité, améliorer la posture et accompagner l’évolution de la courbure.
- Volet métabolique à surveiller : Il est également essentiel de surveiller les troubles métaboliques et les problématiques de malabsorption, notamment ceux liés à la maladie cœliaque, la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse.
Lors des poussées inflammatoires, ces conditions peuvent réduire l’absorption du calcium et perturber la minéralisation osseuse, augmentant ainsi le risque de fragilité et impactant le développement osseux chez l’adolescent.
À retenir
Même si l’ostéopénie n’est pas considérée comme une cause directe de la scoliose, soutenir la santé osseuse dès l’adolescence demeure essentiel pour réduire les risques de fragilité et optimiser la prise en charge de la courbure. Une stratégie complète combinant une alimentation adaptée, une activité physique régulière, des exercices spécifiques ainsi que des séances d’ostéopathie spécialisées pour la scoliose représente l’un des piliers fondamentaux de l’équilibre structurel du corps.